Saint-Outrille

Info sur le clocher

Saint-Outrille, village de quelques centaines d’habitants situé aux alentours de Vierzon, possède un magnifique exemple de clocher tors que la municipalité a su préserver et mettre en valeur. Saint-Outrille était un évangélisateur du Berry qui vécut de 551 à 624, sous la dynastie des Mérovingiens. Il a donné son nom au village et à son église.
L’édifice est de style roman très pur, en forme de croix latine. Le clocher s’élève puissamment au-dessus, de la croisée du transept, et semble écraser le reste du monument. La base est une tour de forme octogonale, ou plus exactement de forme carrée aux angles tronqués, ce qui donne huit côtés inégaux. La flèche, couverte de bardeaux de châtaigniers, s’élève directement au ras des toitures de la nef et présente plusieurs ouvrages successifs. La partie inférieure prolonge la tour. Elle est coiffée d’unes pyramide aplatie qui sert de base à la flèche elle-même.
Un si bel édifice se devait de posséder une légende et, à Saint Outrille, on en trouve plusieurs.
La première se retrouve dans des versions plus ou moins différentes dans bien des régions. « Le clocher ne se redressera que quand trois jeunes filles vierges du pays se marieront le même jour en l’église de Saint-Outrille. » La réponse arrive immédiatement dans l’esprit du lecteur : « Ce n’est pas demain la veille ! »
La deuxième légende a subi divers additions et embellissements, mais est charmante malgré tout. Le diable – qui, il faut le dire, est souvent à l’origine des clochers tors – se reposait sur le clocher de Saint-Outrille. Une commère voulut le déloger de son perchoir en grimpant sur la flèche. Le diable, dérangé, s’enfuit, mais sa queue, enroulée autour de la flèche, lui fit subir la torsion que nous lui connaissons.
Dans d’autres versions, il est question de maris débauchés vidant force chopines pendant l’office et attirant le malin sur le clocher. Une épouse délaissée et pleine d’idée alla asperger d’eau bénite le diable sur son perchoir avec une seringue à clystère. Le démon s’enfuit et sa queue s’enroula… etc.
La troisième légende est beaucoup plus poétique car elle fait intervenir l’amour qui arrive à égalité avec le diable dans l’origine des clochers tors. « Au temps du roi Louis VII le jeune (1120-1170), une modeste famille vivait à Saint-Outrille : les Malterre. Le père, qui était bourrelier et forgeron, travaillait avec son fils Phallier. Ce dernier dut partir en croisade et jura cependant de rester fidèle à sa promise, Mathilde, qui fit le même serment. Pendant la longue absence de Phallier, Mathilde eut de folles aventures. Au retour du croisé, elle jura devant Dieu qu’elle l’avait fidèlement attendu et bientôt, ce fut le mariage. Dès le début de la cérémonie, éclata un violent orage. Soudain, au milieu d’une immense flamme, Mathilde et les anneaux disparurent, laissant Phallier seul et hagard. A ce moment, les fidèles, affolés, sortirent de l’église et s’aperçurent avec horreur que le clocher était tordu. On en conclut que c’était la colère de Dieu qui avait emporté l’infidèle et tordu le clocher.