Mervans : La vraie histoire du clocher tors

Article paru dans Le Journal de Saône le samedi 27 mai 2017

Beaucoup de légendes accompagnent le clocher tors de Mervans. Ce samedi, l’historienne louhannaise Sylvie Monin-Badey raconte la vraie, mais non moins rocambolesque histoire, de cet édifice.

“Il y a cette légende qui dit que les femmes de Mervans sont si belles, que c’est pour ça que les charpentiers ont voulu prolonger le chantier. Et je l’aime d’autant plus que je suis moi-même de Mervans” s’amuse l’adjointe Françoise Pugeaut. C’est du clochers tors de l’église du village dont elle parle. Cet édifice si particulier qui fait la fierté des habitants. On en recense que 130 en Europe de ce type-là. Le clocher semble en effet vrillé. Des légendes racontent que Satan lui-même l’aurait tordu, ou que de fées l’auraient construit en une nuit.

Mais la vérité, c’est l’historienne Sylvie Monin-Badey qui semble la détenir. Originaire de Mervans, il y a quelques années, elle a écrit une monographie de plusieurs centaines de pages sur la commune, où toute l’histoire y est condensée. Le clocher tors n’a plus beaucoup de secret pour elle. Ce samedi, à l’occasion de la tenue de l’assemblée générale de l’association des clochers tors d’Europe à Mervans, elle fera une conférence à ce sujet.

Ces travaux ont permis de déterminer que l’édifice est très ancien “A l’intérieur de l’église, la plus vieille pierre tombale porte l’inscription “messire Jacques Jacob, mort le 17è jour de l’an du seigneur 1348”, détaille l’historienne également maître de conférences à l’université de Lyon 3. Elle aurait été construite au moins au XIVe siècle, à l’emplacement d’une chapelle romane.

Mervans (Saône-et-Loire)

L’origine de la torsion est controversée. Il n’est donc pas possible de prendre une position ferme. Laissons plutôt les légendes nous expliquer l’origine du clocher.

L’une d’elles nous apprend que la flèche aurait été construite en une nuit par les fées.

Une autre, reprise dans un conte de Claude Perrault, fait intervenir le diable. A la demande de la Baronne de MERVANS, le charpentier Crétin – c’est- son nom – édifie le clocher. La flèche est presque terminée. Il ne reste plus qu’à fixer la croix et le coq. Crétin se doute que le Malin va intervenir et passe la nuit précédent ce travail dans le clocher, montant la garde avec un saut d’eau bénite. A minuit, Satan arrive au milieu d’une odeur de soufre pour détruire l’ouvrage avant que la croix ne le protège. Il commence à tordre la flèche quand Crétin lui envoie une douche d’eau bénite. Le diable, ébouillanté, s’enfuit en hurlant, mais le clocher, lui, restera tordu.

La légende de Saint Côme d’Olt

Pourquoi le clocher de Saint-Côme est-il tordu ?

légende imaginée par les élèves de CE1-CM1 de l’Ecole Publique de Saint-Côme

Il y a longtemps de cela, dans la vallée du Lot, se trouvait un joli village appelé Saint-Côme d’Olt. Les habitants s’entendaient à merveille et étaient très fiers du nouveau clocher de leur église si haut et majestueux que l’on parlait de lui partout dans la région. Les gens accouraient par centaines pour admirer ce chef-d’œuvre architectural et étaient tellement bien accueillis qu’ils prolongeaient leur séjour.

Toute cette joie vint à arriver jusqu’aux oreilles du diable en personne. Celui-ci fut très en colère de tout ce bonheur et décida d’y mettre fin.

Il se déguisa en vieil homme et prit le chemin de Saint-Côme.

Arrivé aux abords du village, il rencontra une vieille dame qui pleurait.  Il s’approcha et lui demanda :

– “Pourquoi pleurez-vous madame ?

Mon chien est mort subitement et je ne sais pourquoi.

Je crois savoir comment cela s’est passé, dit le diable rusé.

Alors dites-le moi supplia la vieille femme.

– A mon arrivée, j’ai assisté à une scène étonnante, mentit le faux vieillard, une personne mélangeait de la viande avec des champignons et a donné cela à un chien. Comment était votre chien ?

Il était blanc et noir

C’est celui que j’ai aperçu

Avez-vous vu la personne qui a fait cela ? demanda la pauvre femme.

L’homme est rentré dans cette maison, répondit le diable en désignant une maison voisine?.

Je n’aurais jamais cru mon voisin capable d’une chose pareille ajouta tristement la vieille dame.

Il ne faut pas se fier aux apparences” renchérit le diable

Et il partit poursuivre ses méfaits dans d’autres foyers du village.

Il s’arrêta tout d’abord devant un poulailler. Cela lui donna une idée. Il attrapa le chat de la maison d’à côté, le mit dans le poulailler. Ce dernier mangea quelques poules et s’endormit sur la paille.

Continuant son chemin, il aperçût le moulin du village qui procurait la farine pour ses habitants. Une autre idée maléfique germa dans son esprit. Il fit apparaître des souris qui dévorèrent tout le blé.

Son nouveau méfait commis, le diable continua un bon moment à arpenter les chemins de Saint-Côme, semant la zizanie dans tous les recoins.

Enfin, satisfait de lui, il grimpa jusqu’au clocher pour admirer ses œuvres. A ce moment, il reprit son apparence de diable et s’assit sur le sommet du clocher.

Partout, aux alentours, on ne voyait ou n’entendait que des cris, des pleurs, des colères, des accusations et des lamentations.
Toute en admiration devant son travail, le diable ne vit pas que le bout de sa queue s’accrochait à la girouette qui couronnait le clocher.

Soudain, il entendit des clameurs s’approcher du clocher.

Les villageois avaient fini par comprendre que le vieil homme était la source de tous les récents problèmes et s’étaient lancés à sa poursuite, armés de fourches, de faux, de pelles et autres armes ou outils.

Lorsque le diable les vit, il voulut s’enfuir, mais sa queue restée coincée l’en empêchait. Il tira de toutes ses forces. Sa queue s’enroula autour du clocher qui se mit alors à tourner, à vriller et à se déformer jusqu’à ressembler à une tornade.

Dans un dernier effort, le diable tira encore, si bien que sa queue se coupa. Il s’enfuit, laissant le clocher tel que nous le connaissons aujourd’hui…

Saint Outrille (Cher)