Saint-Viatre

L’église saint Viâtre de Tremblevy et son clocher tors.
Au milieu d’une grande place qui était un cimetière jusqu’en 1807, une église, imposante intrigue toujours les visiteurs. À la suite d’un moine de l’abbaye de Micy Saint-Mesmin, retiré comme ermite dans les bois de Sologne et que la tradition nomme Viâtre, un village semble se constituer autour de son tombeau, la crypte actuelle.
Ce village s’appelait TREMBLEVY, en latin “tremuli vicus”, le village du tremble. La tradition veut que ce Viâtre a creusé son propre cercueil dans un tronc de tremble. Mis en terre, il prit racine. Ce tremble touchant au saint devint sacré. Cette tradition accompagne l’origine d’un sanctuaire primitif, la crypte actuelle (vers le milieu du 8ème siècle). Une église romane, de plan rectangulaire, est édifiée à partir de ce sanctuaire primitif.
Des traces d’un remaniement important au 13ème, mises à jour et laissés en place lors de la récente restauration, font apparaître des restes de sarcophages mérovingiens largement réutilisés. La rusticité des sculptures de la partie basse du porche nous renvoie à cette époque.
La guerre de cent ans est passée par-là avec son lot de destruction : château, maisons, église. Une reconstruction de l’église donne lieu à une dédicace le 4 août 1476. La partie supérieure du porche et le clocher actuel datent de cette époque. La torsion du clocher, observée de nos jours, est provoquée par le travail de la charpente au niveau des “enrayures”, assemblages des arêtiers liés au poinçon central, celui-ci, ayant tourné, a entraîné l’ensemble. De plus, le frettage (cerclage de fer) de la partie supérieure facilite la torsion.
Voir photo ci-dessus, prise côté sud.
La châtellenie de Tremblevy, devenue domaine royal avec Louis XII, est attribuée en 1515 par François Ier au Comte de Lupfen capitaine des lansquenets pendant la campagne d’Italie. Ce comte Eberhardt Von Lupfen a commencé une transformation importante de l’église en ajoutant la chapelle nord actuelle, la chapelle sud l’ayant été peu après. Un vitrail de la chapelle nord nous est resté d’origine. C’est à cette époque, début du 16ème siècle, qu’il faut situer le polyptyque (ancien retable à 4 volets de 1,40m X 0,70m, peints à l’huile sur bois, recto verso) de facture flamande et d’inspiration italienne. Le recto représente la vie de saint Viâtre et la légende du tremble, le verso illustre la passion du Christ. C’est une synthèse remarquable de la Renaissance européenne.
Des galeries étaient présentes autour de la nef. La reconstitution actuelle a été faite sur la base du dernier tronçon présent, de technique renaissance, charpente en voûte, à “chevrons ferme” et entraits déportés.